Accoudé à une table que le vent balaie, Odon contemplait le coucher du soleil.
Comment distinguer une aube d'un crépuscule pensait-il.
Comment ne pas s'émerveiller devant cette palette de couleurs dont la nuit promet le retour après les ténèbres.
Il énumérait avec soin tous les souvenirs qui affleuraient à la surface de sa mémoire de vieil homme. Il citait à haute voix les noms, les dates, les bons mots ou les victoires qui parsemaient le parcours de ceux qu'il avait tant admirés, tant aimés.
Leur puissance n'avait d'égal que leur verve, et les murs résonneront longtemps encore de leurs rires et de leurs colères. Le sang des pilotes qui se sacrifiaient en leurs noms coulaient dans leurs propres veines et chaque naufrage leur rongeait une part toujours plus grande de leur âme.
Odon tira une bouffée de sa pipe ancienne et suivit du regard les volutes grasses qui montaient dans l'air.
Son regard se fixa sur un portrait stylisé qui ornait la moulure de la pièce. Il reconnut sans peine les traits de l'Empereur.
Sur sa droite, un portrait de Van Fanelia, puis un autre du Chevalier Noir, encore un d'Adib, un autre de Th Reik, de Beowulf, d'Aidan... tous drapés dans un nuage de vapeur.
Le soleil avait désormais disparu. Le ciel se fardait de roses, de violets, de vermeils... et déjà les petites lucioles de la ville voisine scintillaient dans l'espace qui tremblait d'impatience.
Rien ne distingue un crépuscule d'une aube, seulement le temps qui les habille à son grés et les rend à nos mémoires.
Au S.E.X. !
Gloups